le covid-19 n’a pas tué les marais salants de Guérande !
En ces temps de confinement, les paludiers de Guérande et d’ailleurs ont une infinie chance, celle de pouvoir travailler en plein air, ce qui est presque un luxe .
Je voulais vous en faire profiter, en vous permettant de suivre l’évolution du chantier de cette année, le chaussage des oeillets tués de la Caubinière.
Mais qu’est ce que le chaussage des oeillets?
Le chaussage est une opération qui se fait en moyenne tous les 30 ans. Et qui consiste dans un premier temps, au mois de novembre, à recharger le fond des oeillets. On apporte une couche d’argile de 10 à 20 cm, qu’on va laisser reposer tout l’hiver.
Puis au printemps, on met les oeillets à sec, pour à partir de cet argile refaire les ponts et les ladures (les ronds) à la bonne dimension.
Ce chantier demande un grand savoir faire, et n’est pas à la portée du premier venu. En témoigne l’air dubitatif de Mickael, pour qui c’est le premier chantier de chaussage.
(alors que c’est (sur 3 ans) probablement mon dernier!):
Dès le petit matin, il faut bien reconnaitre que sans plus d’explications, tirer des cordeaux dans tous les sens, ça n’a pas trop de sens justement !
L’usure du temps…
Avec le temps va, tout s’en va…
Cette maxime s’applique particulièrement bien à l’argile des oeillets, qui est très friable et reste un matériau d’usure. La preuve, le tracé de la ladure à la bonne dimension, et la trace de celle qui restait:
Comme vous pouvez le voir, il en manque ! la partie plus “grise” est à recréer entièrement. Il faut bien dire que la dernière fois que ces oeillets ont été chaussés, c’était sans doute il y a 60 ou 80 ans.
Une fois les traits tracés, il n’y a plus qu’à “ourdir”. C’est à dire faire un petit muret d’argile qui servira de fondation au futur pont:
Ce n’est pas encore joli, mais c’est comme des fondations.
On laisse sècher une petite semaine, puis on remplit le milieu. Tout de suite c’est plus joli!
Pâte à modeler !
C’est l’effet que ça fait, on a l’impression littéralement de modeler l’argile. C’est un peu long (environ 6 heures de boulot à 2 pour 4 oeillets), mais le résultat en vaut la peine.
Et ce n’est pas fini !
Je reviendrai bientôt avec les prochaines étapes du chaussage: Graissage des ponts, puis “tournage” des oeillets, et enfin la dernière opération qui consiste à les taper. ça vous parait abstrait?
Normal! Mais patience, ils ne sont pas encore assez salés.
A bientôt pour la suite,
et même à très bientôt pour du nouveau dans la boutique …